mardi 13 décembre 2011

Agnès et Lolita










Fin de l'année dans 15 jours. Pour certains c'est tant mieux bon débarras, pour d'autres l'impatience d'un jour particulier culmine à chaque instant et 2012 ne peut arriver trop vite, car il faut savourer.


Dans cette expectative, il est bon de se suspendre avec le temps et pour cela, quoi de mieux qu'un après-midi avec deux vieilles dames, entre biscuits et nectars sucrés.

Ces vieilles dames qui conversent nous parlent de leur vie, de leur défunt mari, de leurs origines, bretonne pour l'une, catalane pour l'autre. Elles en ont vu des choses, notamment des guerres - La première, la Guerre d'Espagne, la deuxième - d'assez près. Elles expliquent leur identité, décryptent leur personnalité. Elles sont très âgées, vivent seules dans leur foyer parsemé de souvenirs, de délicats bibelots, de verroteries, de napperons, de services à thé et de coussins douillets. 

Elles ont tout vu et tout entendu semble-t-il. Ce qui est frappant à les écouter, c'est une forme d'espièglerie enfantine mêlée à des soupirs et quelques regrets, une forme de joie inébranlable entortillée à une douleur présente, une mémoire à toute épreuve et parfois la volonté de connaître un peu d'oubli.

En fait, elles ne se connaissent pas, ne se sont jamais parlées ni vues, ni croisées. Elles ne savent pas que l'autre existe et vit, l'une en Espagne, l'autre à Paris. Mais ces deux vieilles dames avaient l'air si bien à converser toutes les deux et à distiller en s'adressant à nous ce délicieux fluide d'une vie vécue qui nous emplit de leur jeunesse et de leur sagesse. Et puis, ainsi elles ne sont plus seules dans leur fauteuil à regarder la fenêtre. Un dialogue entre deux femmes étrangères les montre dans leur singularité et leur individualité et non dans le cercle familial souvent disparu ou en zone grise. Elles sont plus vivantes ainsi.